L'ARTISTE DU MOIS

Michel Kodjo : " je ne fais que souffrir de la situation des autres "

L'humanité dans un visage de femme. Elle est bien loin l'époque où le jeune Michel Kodjo qui s'exerce au dessin d'art par le truchement d'un cousin métis pensionnaire à l'orphélinat de Grand-Bassam, exposait ses toiles en cette année de 1957 sur les cimaises de l'hotel de ville d'Abidjan. Une première pour un autochtone encore sujet de la future nation ivoirienne.

Bien loin cette époque, ou ce monument vivant de la jeune histoire de l'art contemporain de la Côte d'Ivoire stimulé par le succès de son mythique concitoyen Christian Lattier en France, avait monté cette exposition où figuraient des oeuvres dont il reconnait avec une pointe d'humour et d'aveux, un relent de naif.

Mais elle est encore toute présente Chez MICHEL KODJO l'angoisse déformante du processus créateur dans sa farouche détermination de laisser une oeuvre porteuse de civilisation, de progrès necessaire à l'évolution de l'Homme.
Plutôt que de se contenter d'une réputation bien établie à travers les nombreuses expositions réalisées à travers le monde au cour de sa longue carrière de peintre et d'enseignant." Cela dépasse ma situation personnelle confesse-t-il. Avant d'ajouter. Je suis arrivé à un degré où je ne fais que souffrir de la situation des autres. Certes, je vais mourir un jour, mais quand je vois quelqu'un souffrir de la maladie, de la misère, j'ai le même désarrois" C'est donc dans la détection des raisons de cette souffrance que Kodjo établit la source d'inspiration de son oeuvre qu'il justifie ainsi:"Une peuplade a besoin d'aisance, d'évolution, et le manque de ces besoins se lit dans le visage de la femme plus que tout être. C'est elle qui enfante, qui s'occupe de l'enfant et de son entretien toute sa vie" Ce sont donc ces visages de femmes teintés de bleu et d'or qui hantent et donnent toute l'atmosphère dans les tableaux de Kodjo.

Et qui démarque son oeuvre des autres approches traitant de la femme dans la peinture des autres artistes.